Une séance de portrait virtuel avec l’IA Adobe Firefly

Portrait studio noir et blanc généré par l'AI Adobe Firefly

Accessible gratuitement sur internet avec un simple compte Adobe, on a passé deux heures trente en compagnie de Firefly et tenté de réaliser un shooting portrait virtuel. 

A partir d’un « prompt » (descriptif de l’image souhaitée) assez simple, on a fait générer à l’IA d’Adobe de multiples versions de portraits.

Firefly étant encore très jeune, on atteint assez vite ses limites pour le sujet qui nous intéresse : la photo de portrait en studio. 
L’IA n’offre pas encore (et ce n’est probablement pas son but) toutes les possibilités de mise en place d’éclairages et de rendus aussi précis qu’avec l’application de simulation 3D de shooting en studio photo que nous avions testé pour ce blog. 

Une IA prompte à dégainer ses images

Une fois connectés à l’interface web de Firefly, un peu cachée dans les sous-menus du site d’Adobe, on est invité à décrire textuellement dans sa langue de prédilection, la première image souhaitée. 

Notre séance de portrait virtuel commence donc avec ce prompt : 
« Shooting photo dans un petit studio photo avec deux lightboxes. Le modèle est une femme eurasienne. Le fond du studio est en béton brut. »

Simulation d'éclairages studio Adobe Firefly

La génération des images est rapide mais les premiers résultats obtenus sont assez inquiétants. 
On remarque de gros problèmes d’échelle, des positions parfois un peu étonnantes comme ce modèle féminin en équilibre sur ses genoux, ou l’image d’un homme (?) accompagné d’une femme qui lève la jambe sans raison !

Aïe ou Ai, il faut choisir

Outre les bizarreries visibles ci-dessus, on constate que le terme eurasienne ne semble pas être d’une évidence folle pour l’IA Firefly. 

On essaie alors d’autres prompts plus précis au niveau du positionnement des éclairages mais Firefly est dans les choux et moins avancé que l’IA DALL-E 3, la meilleure pour assimiler une multitude d’informations. 

On revient à des descriptions beaucoup plus simples et surtout on abandonne notre idée première de montrer une scène entière dans un studio photo.
En supprimant de notre prompt les lightboxes et en ajoutant le terme « close-up » on espère que l’IA d’Adobe nous proposera quelque chose de plus cohérent.   

Portraits couleur réalisés avec l'AI Adobe Firefly

On obtient plusieurs propositions de portraits assez naturels et réalistes, dans des postures variées. 

A noter : Le vrai « close-up » en portrait est normalement un cadrage plus serré coupant le visage, mais l’IA Firefly d’Adobe, que l’on imaginerait plus compétente sur le sujet, ne semble pas avoir la même définition que nous.

Que comprends-tu, Adobe Firefly ?

On décide d’abandonner la couleur pour continuer ce shooting virtuel en noir et blanc.  
Pensant gagner du temps pour déterminer un style d’images, on précise « portrait au style Harcourt » mais comme les autres IA testées dans ce blog, Adobe ne connaît pas le fameux studio français pourtant célèbre depuis les années 50 pour ses portraits de stars et ses éclairages à base de lentille de fresnel.
L’IA continue de nous proposer des images en couleur avec des modèles n’ayant pas toutes des traits asiatiques… on abandonne donc le terme eurasienne.

Avec « Portrait studio contrasté en noir et blanc d’une femme aux traits asiatiques avec un halo de lumière en arrière plan » on obtient des styles de halo dont aucun n’évoque ni de près, ni de loin, le style Harcourt.

Exemples de halo générés par Adobe Firefly

Il faut de nombreux essais de formulations pour trouver des termes qui soient connus ou interprétables par l’IA d’Adobe. On est un peu frustrés. 
Nous laissons tomber une partie de notre ambition pour ce qui concerne le contrôle du portrait et allons simplement attendre que Adobe Firefly nous propose une base acceptable à décliner. 

Le terme « femme asiatique » ayant encore produit des résultats peu convaincants, notre prompt devient : « Portrait studio contrasté en noir et blanc d’une femme japonaise regardant l’objectif. Le fond du studio est en béton brut. »  

Portraits asiatiques avec l'AI Adobe Firefly

Cette fois ci, tous les premiers résultats sont conformes à notre demande simplifiée. 
On décide alors de choisir une image de référence pour générer plusieurs variantes du portrait. 

Celui que nous retenons est accessoirisé « … avec un collier en forme de pagode » mais autant vous le dire tout de suite, pour ce qui concerne le bijou réclamé, nous n’obtiendrons jamais le pendentif souhaité en forme de pagode, sans compter que nous aurons le droit à avoir des boucles d’oreilles que nous n’avons pas demandées !

Des IA aux capacités de compréhension plus ou moins développées.

Adobe part de loin par rapport à ChatGPT, qui chapeaute le générateur d’images DALL-E que nous avons testé via l’interface de Microsoft mais Firefly s’est tout de même placé au dessus du niveau de compréhension de l’IA Stable Diffusion 1.5  testée pour ce blog.

Seule DALL-E 3 a été capable d’interpréter la majorité de nos demandes, comme de créer de splendides pendentifs en forme de pagode.

Test de l'IA Midjourney
Test de l'IA génératrice d'image Stable Diffusion
Test de l'IA génératrice d'image DALL-E

Le portrait de Firefly en noir et blanc

Adobe Firefly portrait studio de femme aux traits asiatique

Si ce premier portrait retenu est plutôt réaliste, il comporte de nombreux petits défauts de rendu (comme pour beaucoup d’autres portraits) au niveau du nez et autour des lèvres et des oreilles.
Est-ce que la ride très marquée au niveau du cou ne semblerait pas nous indiquer que les têtes générées par les IA seraient remplaçables ?

Notre première impression globale est mitigée et le terme « beta », qui accompagne cette version de Firefly, semble prendre tout son sens face aux difficultés de d’interprétation rencontrée par l’IA. 
Mais comme pour la plupart des intelligences artificielles émergentes, il faut savoir leur parler et se mettre à leur niveau de compréhension. 
Quelque part, c’est rassurant puisqu’il faut encore une certaine intelligence humaine pour savoir utiliser au mieux ces outils.

L’idiocratie qui semble tous nous menacer attendra encore quelques années !

L’interface web de l’IA Adobe Firefly

La version internet de l’interface Firefly d’adobe se prend en main en seulement quelques minutes. 

Dans la partie gauche, on saisit son prompt puis on génère 4 images. On peut relancer plusieurs fois la génération des images jusqu’à ce qu’on trouve une image intéressante qui puisse servir de base de départ.

Interface web d'Adobe Firefly

On sélectionne alors son image de référence à partir de laquelle on peut générer de nouvelles variantes qui seront plus ou moins proches : le réglage se faisant grâce à un petit curseur apparaissant lorsque l’on clique sur l’image enregistrée à gauche du prompt. 
On peut aussi modifier le prompt sans changer son image de référence, mais dans notre cas, il semblerait que ces modifications n’étaient pas toujours bien prises en compte.

Dans la partie droite de l’écran, on choisit le format de l’image, son type, sa couleur, l’éclairage et l’angle de vue, sachant que l’on peut aussi indiquer directement dans le prompt ces informations. 
Enfin, une partie « Styles » propose différents types de rendus. 

Quand on a fermé par erreur notre vignette de référence, on a perdu notre modèle car il n’y a pas de véritable historique. Si on peut revenir en arrière, puisque l’on est dans un navigateur web, cela ne suffit pas forcément à retrouver facilement une image de référence. 
C’est pourquoi nous n’avons pas terminé notre shooting virtuel avec le même visage.

Portrait japonaise réalisé avec Adobe Firefly Beta

L’une des images les plus réalistes produites lors de notre session.

l’IA Firefly, à fond dans le décor ?

Adobe Firefly mets en avant sa capacité à modifier les arrières plans ou à les remplacer. 
Intégrée dans les dernières versions de photoshop, l’IA permet d’ajouter facilement et de manière spectaculaire des éléments dans des décors naturels. 
Qu’en est-il pour notre portrait virtuel en intérieur ?

Dans le cadre de notre simulation de portrait en studio, nous avons fait des essais d’intégration très simples, comme pour les images que nous avons l’habitude de réaliser dans notre studio photo lyonnais.

Notre prompt est mis à jour pour ajouter ce changement d’arrière plan au portrait : « … L’arrière plan du studio est très sombre avec des ombres de feuilles ». 
Pour l’expression du visage, nous demandons désormais à l’IA d’afficher un demi-sourire.

4 portraits asiatiques avec Adobe Firefly

Les propositions sont variées et certaines s’avèrent intéressantes et assez réalistes même si le rendu photo fait parfois un peu « plastique ».

On décide pour terminer de « japoniser » complètement les portraits en remplaçant les ombres par des fleurs de cerisier, y compris pour le motif des robes.

Portraits japonais avec motifs fleurs de cerisiers.jpg

Après 2h30 de « shooting virtuel » avec l’IA d’Adobe Firefly, on s’arrête à ce dernier visage dont la composition nous paraît acceptable, même si quelques incohérences subsistent, en particulier au niveau de la lèvre supérieure.

Portrait d'une japonaise avec l'IA Firefly bêta d'Abobe

L’intelligence artificielle, vers une mise au rebut des photographes ?

2023 est-elle le début d’une nouvelle ère où les créateurs d’images n’auront plus à parcourir la planète ? 

Ou les agences de publicité n’auront plus à payer des modèles pour leurs campagnes ? 
Ou les photographes n’aurons plus besoin de trouver des décors pour les shootings ?

Si ce qui attends certains photographes créateurs de vues artistiques semble plutôt excitant, l’ensemble du secteur de la photographie, déjà en difficulté depuis l’apparition des banques d’images, puis en partie « ubérisé »  par sites internet d’intermédiaires qui sous-emploient beaucoup de photographes, va perdre un nouveau pan de son activité. 

L’intelligence artificielle, en pompant sans vergogne des milliards d’images de photographes, à d’ores et déjà constitué une base de données considérable qui permettra dans le futur de remplacer un grande majorité d’entre nous. 

Si Adobe se targue d’utiliser comme support des contenus légaux (mais sans véritable rémunération), à savoir le catalogue de milliers de photographes qui leurs ont confié un jour leurs images… d’autres IA ont pu « pécher » à volonté des images sur le web, comme probablement la plus talentueuse des IA text-to-image, Midjourney

Une fois qu’une image est générée par une AI, il est de toute façon quasi impossible de savoir à partir de quelles sources elle a été créée. Des procès commencent à pleuvoir aux État-Unis mais les algorithmes des intelligences artificielles ont la capacité de s’affranchir très facilement des droits d’auteurs en évitant les plagiats. 

Le jour approche où nous aurons tous la possibilité de scanner simplement notre visage avec notre téléphone portable puis de créer une multitude de portraits ajustables à l’aide de prompts, avec des expressions et des décors très variés.
En attendant la fin des studios photo, découvrez dans ce blog nos «  vraies » histoires de séances de portraits de rockeurs, de portraits studio EVJF, de séance de portrait intimiste, ou d’expérimentations de portraits créatifs à l’aide de vidéo projection

Portrait,
Retour en haut