Faire de la photographie de rue à Paris pendant toute une journée sans obtenir de résultat satisfaisant s’avère assez frustrant.
Jusqu’au moment ou une petite inspiration aboutit à une photo qui peut faire sens (Je livre la clef de compréhension en fin d’article).
30 minutes de photo dans le métro, présentées dans leur ordre chronologique pour ce 3e volet de notre série « Street photo à Paris ».
Le premier métro
En cette fin de journée d’avril 2024, j’étais particulièrement contrarié de n’avoir rien produit de mémorable : aucune image autour de laquelle je pourrais raconter une histoire.
Au moment de prendre le métro pour rejoindre mon Airbnb parisien de fortune, je savais très bien que ma frustration risquait de gâcher une partie de la soirée.
Une vision du couple
Arrivé dans ma rame de métro, un jeune couple avec un splendide bouquet de fleurs me donnait immédiatement l’envie de me faire une dernière ligne de shoot.
Je sortais mon smartphone pour me fondre dans la masse.
Si quelques fleurs avait attisé ma flamme photographique,
j’étais très vite récompensé par cette scène d’abandon purement féminin dans les bras d’un homme vaquant à ses occupations…
Un thème parfois représenté dans la peinture (toute comparaison gardée) comme, par exemple, dans les « Adieux de Napoléon à Joséphine » de Louis-Marie Baader
Des idées floues
Je profitais d’être en tête d’une rame automatisée de la ligne 1 à Bastille, pour révolutionner… ma pratique flou-tographique à l’Iphone.
Se faire un rail trip en vitesse.
Se coller à la vitre pour voyager dans une autre dimension.
Se recentrer sur la condition humaine.
Ré-éguiser ses sens en jouant avec le texte d’une affiche en arrière plan et ce buste masculin qui «emballerait» de moins en moins ?
Pas le temps de régler la mire, comme pour « la pêche aux filles » puisque le métro suivant arrivait déjà.
Le dernier métro
En couleurs
À quelques minutes de ma fin de journée photographique, je réalisais deux images successives de la même scène.
Le cadrage serré illustrant cet article était ma première intention et avait pour moi une signification (cf. épilogue), mais je ne pouvais résister ensuite de figer la scène dans sa globalité avec cette passagère qui s’intégrait à merveille dans ce décor aux couleurs très pop art.
Au violet à lèvres, assorti à la banquette et à un pantalon rose en arrière plan, répondaient trois taches de jaune au milieu d’un camaïeu de beige et de marron et de rouges en arrière-plan.
Quant au motif de la robe, il venait parachever de façon subliminale cette harmonie colorée.
Regards décalés
Au plus près de l’introspection.
Les bandes de jaune qui envahissent les quais du métro parisien.
Le métro, double prise de tête.
S’échapper du métro
Ici et ailleurs.
Envie de liberté.
Soif d’air pur.
La petite histoire derrière une image
Il y a quelques années, lors d’un voyage organisé passant par Los Angeles, je décidais d’échapper à la visite de la ville en car, au grand dam de notre guide qui écarquillait les yeux, quand je lui annonçait que j’allais me débrouiller avec les transports en commun.
Dans la mégalopole de la voiture, les transports en commun comme le métro ou les bus sont majoritairement utilisés par les couches les plus pauvres de la société.
Je me retrouvais donc quasiment le seul blanc au milieu de Latinos et d’Afro-américains, découvrant pour la première fois de mon voyage sous cellophane, la ségrégation qui sévit aux États-Unis.
Dans le métro parisien, c’est bien sûr moins visible car du fait de la densité d’habitation, beaucoup plus de couches sociales différentes prennent le métro.
Mais en voyant cette image publicitaire, peut-être pas si innocente que cela, le souvenir de mon escapade hollywoodienne en bus et en métro me revint.
L’analogie raciste entre les noirs et les bananes, entre une camionnette remplie à craquer et le métro souvent bondé donnait un sens particulier à l’une de mes images, pour la première fois de la journée.
Photographies et textes : Thierry Allard, tous droits réservés.
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