L’ultra grand angle à l’épreuve de la photographie immobilière

Immeubles Orgues de Flandre


La photographie immobilière nécessite de disposer d’au moins un objectif très grand angle de 14 mm.
Pour autant, dans certaines situations, on peut encore se retrouver limité par cette focale « standard » et ne pas pouvoir cadrer tout ce que l’on souhaite.

A moins de maitriser une technique d’assemblage d’images, comme je le fais parfois pour les panoramiques d’architecture, l’ultra grand angle est une solution pour répondre au cas de figure ou nous ne pouvons plus reculer suffisamment, sans se heurter à un mur.

Dans cet article, les focales indiquées correspondent aux appareils photo munis d’un capteur plein format.
Pour des capteurs petits formats APS-C, ces valeurs peuvent être divisées jusqu’à deux fois : ainsi, un 12 mm plein format peut correspondre à un 6 mm pour un capteur 4/3
.

Qu’est-ce qu’un ultra grand angle ?

Tour Eiffel vue de dessous à l'utra grand angle

Traditionnellement, un objectif entre 24 et 35 mm est considéré comme un « grand angle », et en dessous de 24 mm, le terme d’ultra grand angle peut être utilisé. 

Mais il y a une telle différence entre un 20 mm, un 14 mm et un 9 mm, qu’il serait peut-être temps d’apporter un peu de subtilité à cette classification : 
– La dénomination « très grand angle » pourrait correspondre aux objectifs compris entre 20 et 14 mm
– Quant aux objectifs à partir de 12 mm qui dépassent l’angle de restitution de 120°, le terme « ultra grand angle » serait plus approprié. 

Pour donner une base de comparaison, le champ de vision binoculaire humain est lui-même de l’ordre de 120°, et si on considère la double vision monoculaire, il peut atteindre 180° ou plus, en théorie.
En pratique notre champ de vision intelligible se réduit bien en dessous de ces chiffres selon qu’il s’agit de percevoir des formes, des couleurs ou des textes.

Certains ultra grand angles utilisables en photo d’architecture sont dits « rectilignes », cela signifie que leurs déformations sont très limitées car elles sont corrigées par le jeu de lentilles qui les constituent.

déformations verticale d'un rideau californien avec un ultra grand angle 9 mm
Déformations contenues des verticales sur un objectif 9 mm rectiligne (photo prise à 30 cm d’un rideau californien)

Les images illustrant cet article ont été réalisées avec l’objectif ultra grand angle rectiligne le plus large au monde (à ce jour) : il s’agit d’un Laowa 9 mm qui atteint un angle de restitution de 135° !

Au delà de cet angle, il existe aussi les fameux objectifs « fisheyes » qui atteignent 180°, mais au prix d’images totalement déformées.

Quelques conseils pour utiliser un ultra grand angle

On peut apprécier l’effet spectaculaire généré par ce genre d’objectif tout en voulant limiter l’effet de perspective exagérée.

En extérieur

Orgues de Flandre à Paris

En respectant les verticales au moment de la prise de vue, la distorsion de type barillet arrive à se corriger relativement bien.

Note : les facades en angle des immeubles parisiens des “Orgues de Flandre” ne sont pas des déformations dues à l’ultra grand-angle !

panoramique ultra grand angle des Orgues de Flandre

Prendre une marge de recadrage s’avère parfois nécessaire, comme ici pour éliminer la déformation en éventail des arbres du premier plan.
Elle est rendue possible grâce à l’immense champ couvert par l’objectif ultra grand angle.

panoramique ultra grand angle du Cnit

D’une façon générale, il faut aussi éviter tout premier plan trop rapproché de chaque coté de l’image, comme une voiture ou une personne (au risque qu’elle se transforme en patate).
Pour ce qui concerne du mobilier urbain ou de la végétation, c’est à voir au cas par cas, dans le sens ou certaines déformations sont plus ou moins acceptables.

Eglise photographiée à l'ultra grand angle

Dans le cas d’une prise de vue verticale, l’accentuation de la perspective peut impacter négativement le haut ou le bas de l’image, impliquant de faire un recadrage en post-production.

Voir cette technique de simulation d’objectif à décentrement dans mon article sur la correction de perspective en photographie d’architecture.

En intérieur

Il est assez délicat d’utiliser un ultra grand angle à l’intérieur de façon réaliste car les pièces, comme le mobilier, deviennent vite exagérément grands !


cuisine avec luminaire déformé par un ultra grand angle

Dans les 2 exemples ci-dessus, si j’ai pu « jouer » avec le luminaire dans ma composition, un recadrage au format carré s’est avéré ensuite nécessaire pour ne pas conserver la partie supérieure anamorphosée, et pour réduire la fausse impression d’un plafond extrêmement haut !

mauvais placement d'un fauteuil dans une photographie prise au grand angle

Comme avec un grand angle standard, il faut impérativement éviter de placer du mobilier ou des objets trop près des angles de l’image.

On peut se servir des murs, portes et fenêtres sur les bords des images car ils supportent un peu mieux les étirements dus à l’effet de perspective.

salle de bain photographiée avec un grand angle de 14 mm puis 9 mm
Prise de vue de salle de bain avec un grand angle de 14 mm comparée à un ultra grand angle de 9 mm

A l’intérieur, avec un ultra grand angle, on privilégie le plus souvent les positions frontales (perpendiculaires aux murs), car toute prise de vue en biais aussi rapprochée accentue considérablement les lignes de fuites.

Pour les plus petites pièces, il arrive très souvent que l’on soit obligé de plaquer le boitier photo contre un mur et d’utiliser ensuite un écran déporté et un système de télécommande.

Que penser de l’utilisation d’un ultra grand angle pour de la photographie immobilière ?

En plus de générer une forte exagération de perspective sur les cotés, les objectifs ultra grand angle ont souvent des défauts de qualité dans les angles : problèmes de netteté, de couleur, faible piqué et vignetage important.

La difficulté de restituer la réalité de façon fidèle et le travail supplémentaire de retouche engendré par ce type d’objectif fait qu’il est préférable de les utiliser que si la plus-value sur les images est évidente.

Dans l’exemple ci-dessous qui concerne une cuisine spacieuse d’un appartement de standing destiné à la location, l’utilisation d’un ultra grand angle, même si elle peut être impactante, peut se discuter, puisque que le résultat consiste à avoir un morceau de mur et une section de placard très élargie en plus.

Intérieur de cuisine photographiée à l'ultra grand angle 9 mm

L’effet d’agrandissement des pièces, qui s’avère quand même assez trompeur, peut malgré tout favoriser le rendu des petits appartements et constituer une aide à la vente dans les annonces immobilières.

En intérieur, l’ultra grand angle s’avère surtout utile pour prendre des photos « impossibles » dans les toutes petites pièces, cuisines, boudoirs, couloirs, salles de bains ou cabinets de toilette.

Avec seulement 60 cm de recul, on peut arriver à restituer en photo une salle de bain ou une cuisine de moins de 2m2 !

kitchenette photographiée avec un grand angle de 14 mm puis 9 mm
Kitchenette dans un couloir prise au 14 mm puis au 9 mm


Au final, l’ultra grand angle peut s’avérer un atout pour la photographie immobilière destinée à la location ou à la vente d’appartement à condition de ne pas trop en abuser.
On peut noter que lorsque les biens à photographier s’avèrent vides de meubles, les défauts inhérents à ce type d’objectif sont grandemement réduits.

Me consulter pour une prestation de photographie immobilière

Architecture, Architecture intérieure, Best-of, ,

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut